Relever l’agriculture par… la relève !

13 mai 2008

L’annonce aujourd’hui du Ministre Laurent Lessard concernant le plan pour la relève agricole ramène sur le tapis toute la question de « que faut-il faire pour avoir une relève agricole au Québec ». Plus d’argent? Rien n’est moins sûr!

À la lumière du rapport Pronovost autant que de par notre expérience avec notre membership agricole jeune et atypique, nous réalisons que ce qu’il manque le plus… c’est de l’oxygène. L’agriculture telle que proposée par l’UPA est désormais figée dans le temps, disons le : sclérosée. 

En moyenne, 1500 fermes disparaissent, de façon nette, chaque année depuis 45 ans. À espérer qu’il y aurait 1000 jeunes de la relève qui souhaiteraient se lancer ou reprendre une ferme existante, et ce n’est pas le cas,  les deux millions annuels sur 5 ans représenteraient 2000$ par jeune, par année. Une goutte d’eau dans la réalité des fermes d’aujourd’hui, et la recette des subventions, tout en ayant aidé certains à s’établir, n’a pas arrêté l’hémorragie. Il est déjà excellent que le ministre ait visé des créneaux non conventionnels.

D’autres pistes? L’Union paysanne a mis son année 2008 sous le thème : 50 000 fermes en 2030 au Québec une histoire possible! Pour y arriver, les solutions premières se retrouvent toutes ou en partie dans le rapport Pronovost.

–    Une première politique agricole orientée vers les québécois.
–    Un programme universel de soutien à l’entreprise agricole plafonné à 150 000$ par entreprise, redistribuant ainsi les sommes concentrées entre les mains d’un petit groupe.
–    redonner préséance à la vente à la ferme non-assujettie aux quotas et en assurant une plus grande autonomie aux entreprises agricoles.
–    ouvrir le territoire agricole à la multifonctionnalité.

La trame de fond du  rapport Pronovost parle d’un besoin d’oxygène en agriculture. Pourquoi de l’oxygène? Parce que ce qui coulait de source par le passé est devenu contrôlé par des petits groupes au sein même de l’UPA privant ainsi les autres d’avoir accès à un meilleur sort ou tout de moins à des chances égales.

Un exemple qui démontre le tragique comme le manque d’air de l’agriculture québécoise est le loto quota instauré par La Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec.

Résumons : la FPOCQ, c’est 100 producteurs qui se partagent le généreux marché des œufs de consommation du Québec, un droit qui a été donné gratuitement il y a des années à un premier groupe de producteurs. Maintenant bien assis sur des quotas valant souvent des millions,  ils font tirer, depuis 2006, le droit d’utiliser, à certaines conditions, un quota de 5 000 pondeuses à de nouveaux producteurs.

L’idée même de faire tirer sous forme de loterie une place au soleil relève du scandale dans le contexte d’une agriculture en voie de disparition et bien d’autres secteurs se retrouvent dans la même situation.

Monsieur Lessard, si vous voulez sauver l’agriculture au Québec, continuez de vous coller sur le rapport Pronovost afin de donner de l’oxygène aux agriculteurs, aux jeunes et aux régions.

L’Union Paysanne, depuis 6 ans, a su prédire bien des choses en agriculture et nous vous le disons : si un coup de barre solide n’est pas donné il restera à peine plus de 15 000 fermes au Québec vers 2015. Nous pensons que vous pouvez encore faire la différence…

Benoit Girouard
Porte parole Union paysanne
450-495-1910

Frédéric Sauriol
Secrétaire Général
450-562-0104

Union Paysanne

Force collective organisée et représentative regroupant ceux et celles en faveur d’une agriculture et d’une alimentation paysannes. Nous voulons pratiquer une agriculture à échelle humaine, viable à long terme, respectueuse de l'environnement, axée sur la souveraineté alimentaire et l’occupation du territoire.

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