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Politique bioalimentaire, quelle est la direction?

Annoncée en grandes pompes à l’île Perrot, la politique bioalimentaire présente de louables intentions : augmenter la part des approvisionnements des institutions publiques en aliments québécois, doubler les surfaces en production biologique, gonfler la part des produits du Québec sur les étalages, les valoriser, etc.

« Alimenter notre monde », clame cette politique. Quel monde? La population du Québec dans un objectif de souveraineté alimentaire ou plutôt la planète? À la lumière des budgets envisagés, la seconde hypothèse semble prendre le pas. Le préfixe « BIO » de la politique n’a évidemment aucun lien avec la production biologique. En fait, doubler notre maigre 2% de surface bio au Québec pour atteindre 4% d’ici 2025 semble dérisoire. La politique prévoit une somme de 7 millions pour soutenir la production biologique mais 10 pour gérer les pesticides. L’investissement se fait aussi beaucoup plus lourd pour modifier les conditions d’élevage porcin en vue d’exportation ou pour robotiser et automatiser.

Ce projet de politique n’a de bio que le nom, se place à l’opposé de la souveraineté alimentaire, ne remet aucunement en question la situation actuelle. Le rapport Pronovost reste sur sa tablette, alors qu’il recommandait clairement une réforme du modèle. Aucune changement sur le monopole de l’UPA, ce qui surprend peu vu la présence démesurée de l’UPA aux différentes étapes du sommet qui ont précédé l’annonce de la politique, même lors de la rencontre des consommateurs.

On peut également se demander comment augmenter la part de produit québécois dans nos institutions alors que la concurrence étrangère peut maintenir sa place en raison de coûts inférieurs. D’autre part, si nos institutions réclament plus d’œufs, de lait, de poulet ou de lapin d’ici, il faudra passer par une augmentation des quotas, ce qui accroîtra la part de marché des actuels détenteurs de quota, dont les entreprises deviendront encore plus grosses, sans place pour de la relève ou des néo-agriculteurs.

Pour Maxime Laplante, « cette politique fait le pari qu’une croissance économique d’exportation sera au bénéfice des QuébécoisES. Or, elle se fixe des objectifs qui n’ont rien à voir avec les souhaits de la société civile, comme la revitalisation des régions, la mise en marché directe, l’accès à de la nourriture bio abordable, l’étiquetage des OGM, etc. »

À quand une politique agricole basée sur la souveraineté alimentaire?