You are currently viewing Mot du président – Décembre 2019

Mot du président – Décembre 2019

Je présume que chacun a entendu parler récemment de la pénurie de propane, causée par la grève dans le domaine ferroviaire. Cette pénurie, en plus des difficultés de récolter le maïs et le soya dans la neige, ont provoqué bien des tracas. Sans oublier les déboires de l’industrie porcine avec la fermeture du marché chinois. Mais le plus intéressant, ce sont les efforts déployés par l’UPA pour obtenir des compensations. Interventions dans les médias, manifestations, pressions sur les élus, l’artillerie lourde a été utilisée rapidement.

Et où était l’UPA lorsque les petits éleveurs ont réclamé le droit de produire du poulet ou des œufs dans leur communauté? Le monopole payait des avocats pour les empêcher de plaider devant la Régie des marchés agricoles. Depuis des décennies, les petits éleveurs réclament le droit d’abattre leurs animaux localement ou même à la ferme. Qui les défend?

Qui défend les producteurs biologiques qui, contre toute logique, paient une certification et les coûts de décontamination occasionnés par l’emploi de pesticides des autres?

Comment se fait-il que des milliers de fermiers se sont fait poursuivre par le même soi-disant syndicat supposé les défendre? N’importe quel syndicat qui se respecte est dans l’obligation de fournir une assistance à ses membres.

Il existe quelques situations de monopole dans la société québécoise. Hydro-Québec en est un. Cette situation est avantageuse pour la société d’État, qui peut opérer sans concurrence sur le territoire. Mais ce monopole impose aussi des obligations, comme celle de fournir l’électricité à tous. Sinon, on devine rapidement que la compagnie vendrait de l’électricité en ville et abandonnerait les campagnes au bois, au diesel et au charbon, ne voulant pas payer pour de longues lignes électriques dans des secteurs à faible densité de population.

Dans le cas de l’UPA, le monopole est venu sans aucune obligation. Faut-il se surprendre que plusieurs fermes, voire des milliers, soient forcées de payer une cotisation sans le moindre espoir d’une quelconque aide?

Mais on ne peut blâmer l’entreprise de bénéficier d’une situation de monopole. Ainsi que le dit si bien l’agronome Louis Robert dans le dossier des pesticides, la faute incombe à l’État qui se met à genoux devant les intérêts privés. La crise du propane, la crise de l’exportation du porc en Chine, la neige hâtive dans les grandes monocultures ont fait clairement la démonstration des intérêts défendus par le monopole. Un monopole sans aucune obligation n’a aucune justification dans une société démocratique.