Le Commissaire Mead touche au coeur du problème agricole québécois

L’Union paysanne en appelle au Vérificateur Général !

St-Hyacinthe, 17 décembre 2007. Dans la partie consacrée à l’agriculture de son premier rapport, le commissaire au développement durable, Harvey Mead, n’a pu que souligner que l’environnement est très mal protégé. Tout en relevant des faits et des impressions générales qui appartiennent parfois au Ministère de l’Agriculture et parfois à la Financière agricole du Québec, l’Union paysanne est d’avis que les lacunes relevées cachent en fait un problème systémique au sein du système agricole québécois.

En signalant entre autres les problèmes de la Financière Agricole du Québec sur son application de l’écoconditionnalité vis-à-vis des bénéficiaires des programmes, le commissaire arrête sa réflexion tout juste à la frontière où débute le vrai problème. Celui de la cogestion de l’agriculture par l’Union des Producteurs Agricoles!

La Financière Agricole comporte un conseil d’administration de 12 sièges dont 5* sont réservés à l’Union des Producteurs Agricoles, un syndicat en situation de monopole. Devant ce fait, plusieurs personnes soulèvent la question de l’éthique de l’institution qui, rappelons-le, administre 305 millions de fonds publics. Mais la cogestion avec l’UPA ne s’arrête pas là.

 

Le Conseil pour le Développement de l’Agriculture du Québec (CDAQ), dont le mandat est d’administrer des programmes fédéraux destinés aux agriculteurs du Québec est dans une situation pire que la Financière puisque les 7 membres votants de son conseil d’administration sont de l’UPA. En 2007, ils ont ainsi versé près de 17, 3 millions de dollars dans différents projets. Imaginez la situation : l’UPA qui dépose des projets devant le CDAQ et…….qui les autorise. La situation est complètement loufoque.

Malheureusement, au final ce rapport donnera l’impression encore une fois que les agriculteurs québécois ne sont pas assez policés, ce qui n’est pas le cas.

Mais malgré tout cela la chose la plus choquante relève de plus d’une vingtaine de personnes qui depuis 5 ans ont dit à l’Union Paysanne, à la blague : « Le MAPAQ, on n’a pas besoin de s’en occuper… l’UPA le fait assez bien.’’ Même dit à la blague, cette phrase récurrente entendue sur bien des tons révèle deux problèmes profonds en agriculture au Québec : le manque de démocratie agricole et l’abandon de notre souveraineté alimentaire entre les mains d’un lobby syndical.

Malheureusement, au final, ce rapport donnera l’impression encore une fois que les agriculteurs québécois ne sont pas assez policés, ce qui n’est pas le cas. Le problème réside dans le système en lui-même et est alimenté par des organisations telles que l’UPA, qui se complaisent dans une vision passéiste d’une agriculture en rupture avec les écosystèmes.

 

Il reste à voir ce que la Commission sur l’Avenir de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Québec livrera comme rapport en janvier 2008. Aura-t-elle le courage de viser le cœur du problème et ainsi redonner du dynamisme à notre agriculture et à notre ruralité ? En attendant l’Union Paysanne ne restera pas les bras croisés et demandera au Vérificateur Général du Québec de se pencher sur la cogestion qu’effectue l’UPA dans l’ensemble du secteur agricole.

** Fait à noter, la présidence est accordé d’office à L’UPA par la loi sur la Financière Agricole.

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Benoit Girouard, Porte-parole Union paysanne : 450-495-1910

Frédéric Sauriol, Secrétaire général : 450-562-0104

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